En vérité, on fait même partie des fans de ce 4x4 perverti par des décennies de décadence. Mais comment ce vieux tout-terrain travesti en SUV de luxe peut-il nous faire autant d'effet ?
Si le Mercedes Classe G respectait les codes du marché automobile classique, il aurait disparu dès la fin des années 80. Né pur tout-terrain en 1975 et conçu en partie pour une utilisation militaire (y compris en France où sa version construite par Peugeot deviendra vite incontournable au sein de l'Armée de Terre), le tout premier « Geländewagen » partageait plus d'éléments avec les utilitaires de Mercedes que les limousines de la marque à l'étoile. Au fil des décennies, pourtant, le 4x4 renommé officiellement « Classe G » en 1993 a progressivement dévié de son cahier des charges originel. Il se trouve que le physique hors normes du franchisseur allemand fait mouche auprès d'un public que Mercedes n'avait pas du tout imaginé lors de sa conception originelle. Plus encore que les professionnels recherchant un utilitaire robuste pour évoluer dans des terrains hostiles, il séduit les clients habituels du Range Rover. Dès le début des années 90, donc, le Mercedes Classe G gagnait des versions à la finition intérieure luxueuse et au tarif digne des grandes berlines de la marque. Pire, plus il devient élitiste et plus il fait fureur. Alors que les rares autres tout-terrains rustiques du marché ont tous disparu ou laissé la place à des modèles bien plus modernes (Land Rover Defender, Jeep Wrangler), le Classe G reste fidèle à son châssis originel 47 ans plus tard ! Comble de l'ironie, il vient de signer son record de ventes absolu dans le monde en 2021. Alors même que le marché fourmille désormais de SUV de luxe bien plus efficaces, sportifs ou confortables. Le monde marche-t-il sur la tête ?
Notre essai de l'ancien Mercedes-AMG G63
Des efforts d'adaptation
Certes, le Classe G actuel profite de profondes améliorations par rapport au modèle lancé en 1975 bien avant la mode des SUV. Il reste fidèle au châssis à échelle de la toute première mouture, une architecture autrement plus rustique que la structure monocoque équipant la quasi-totalité des automobiles actuelles (y compris les SUV de chez Porsche, Lamborghini ou Aston Martin). Mais depuis 2018, il utilise une version modifiée de ce châssis à échelle et bénéficie de suspensions plus sophistiquées : fini l'essieu rigide à l'avant, remplacé par des suspensions indépendantes à doubles triangles bien plus efficaces sur la route. Même si Mercedes décrit ce Classe G actuel comme une « nouvelle génération de modèle », il conserve en revanche un pont arrière rigide comme les camions ou presque. Sa technologie embarquée n'a rien à envier aux autres nouveautés Mercedes lancées la même année que ce soit au niveau des aides à la conduite, de l'info-divertissement ou de la connectivité (il n'y a juste pas d'écran tactile pour une raison inconnue). Les cuirs et autres finitions flattent autant le regard et le toucher que dans les autres modèles de luxe de Mercedes, avec un mobilier au style vertical comme dans toutes les versions du Classe G. Mais le Classe G trimballe aussi de vrais problèmes structurels...{{_DYNINFEED_BLOCK_}}